Piera Aulagnier est née à Spairani. Psychanalyste et psychiatre française, d’origine italienne, née le 19 novembre 1923 à Milan et morte le 31 mars 1990 à Suresnes en France, Piera Aulagnier est une figure importante de la psychanalyse et de la psychopathologie de l’enfant. Ses ouvrages sont fondamentaux pour comprendre la représentation des interactions mère / enfant et développe le concept de potentialité psychotique, qui est au cœur des dernières recherches en matière de troubles du spectre autistique.
Piera Spairani passe les premières années de sa vie en France, puis son adolescence en Égypte. Elle fait ses études de médecine à Rome, puis s’installe en France en 1950, lorsqu’elle se marie, prenant le nom d’Aulagnier et elle a un fils, Claude Aulagnier, également psychiatre. En 1968, elle épouse Cornelius Castoriadis, philosophe, économiste et psychanalyste grec, qui participa à la fondation du Quatrième Groupe. Elle décède d’un cancer en 1990.
Elle se forme à la psychiatrie, dans le service de Georges Daumezon, à l’hôpital Sainte-Anne, où elle conserve un séminaire et une consultation durant toute sa vie professionnelle. Elle se forme en même temps à la psychanalyse, avec Jacques Lacan dont elle devient l’élève et avec qui elle fait une analyse didactique de 1955 à 1961.
Piera Aulagnier donne en Juin 1986, une conférence sur le concept de potentialité psychotique :
« On a vu ces dernières années se développer et s’approfondir tout un courant de recherches consacrées à l’autisme et aux manifestations les plus précoces de la psychose. L’intérêt qu’elles ont suscité chez les analystes, y compris ceux dont je suis qui ont fort peu de rapports directs avec la clinique infantile, répond sans aucun doute à des motifs complexes et divers. Personnellement j’accorderais une place particulière à l’un d’entre eux : le temps de la vie que ces recherches privilégient. L’analyste qui rencontre un adulte réalise très vite que le tableau proposé à son regard porte la trace des transformations qui ont suivi les épreuves, les défaites, les succès plus ou moins partiels, qui ont jalonné la vie de ce sujet jusqu’à ce jour. Que sa problématique appartienne au registre de la névrose ou de la psychose n’y change rien. Mais ce même analyste ne s’occuperait-il que de nourrissons, apprendra tout aussi vite que se dérobe toujours à sa saisie un premier auto-portrait sur lequel l’artiste a continué à ajouter des traits, à en modifier d’autres, qu’il a essayé parfois d’effacer totalement faute de s’y reconnaître. »
Comme l’explique Miller Patrick 1 dans cet intéressant article : « Lorsqu’elle publie La Violence de l’Interprétation en 1975, premier livre, et qui est l’aboutissement de nombreuses années de réflexion et d’écriture, Piera Aulagnier est déjà un auteur connu, reconnu et estimé. Pourtant ce livre marque un tournant et l’affirmation d’une pensée qui tout en reconnaissant les influences décisives qui l’ont marquée, s’en dégage pour affirmer son indépendance, son originalité et son style propre.«
Les contributions de Piera Aulagnier à la revue Topique sont incontournables.
1 Miller Patrick, « Métabolisations psychiques du corps dans la théorie de Piera Aulagnier », Topique, 2001/1 (no 74), p. 29-42. DOI : 10.3917/top.074.0029. URL : https://www.cairn.info/revue-topique-2001-1-page-29.htm